De la liberté politique

Par Liberté, nous entendons la situation d’un homme qui peut agir sans être soumis à la volonté arbitraire d’un autre. Cette définition appelle plusieurs remarques importantes. Primo, il n’est pas ici question d’un état de fait théorique qui permettrait à un homme de faire tout ce qu’il veut ; nous restons contraint par la réalité qui, par exemple, interdit à nos semblables de voler par leurs propres moyens. Ce que nous appelons Liberté, c’est l’absence de coercition exercée par un autre homme ou un groupe d’hommes. Deuxio, il va de soi que cette définition présuppose d’existence d’un libre-arbitre : sans volonté comme moteur de l’action, la Liberté n’a aucun sens. Enfin, et c’est sur ce point que je souhaite insister, la Liberté est – par définition – individuelle.

La Société libre est une société dans laquelle les hommes sont libres individuellement. Il s’agit, bien sûr, d’un idéal vers lequel nous souhaitons tendre tout en sachant qu’il ne peut être atteint puisque que, comme le rappelle le vieil adage, « la Liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. » L’idéal d’une société aussi libre que possible repose donc sur l’existence d’un ensemble de règles et d’institutions qui garantissent qu’aucun homme n’est soumis à la volonté arbitraire d’un autre. C’est tout le sens de l’article IV de notre Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui stipule que « l’exercice des droits naturels [1] de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. »

On lit souvent, généralement sous la plume de celles et ceux qui expriment par ailleurs leur méfiance ou leur réprobation de la Liberté telle que nous l’avons définie, les termes de « peuple libre » ou de « liberté politique ». Selon ces auteurs, un peuple est dit libre lorsqu’il dispose de libertés politiques ; c’est-à-dire qu’il est en droit, à divers degrés, d’influer sur les décisions publiques et leur mise en œuvre – principalement le choix du gouvernement, l’élaboration des lois et le contrôle de l’administration. C’est-à-dire qu’un peuple est présumé libre dès lors qu’il vit en Démocratie.

Ce dont il est ici question, c’est d’une liberté collective qui ne peut se comparer à notre définition de la Liberté que si et seulement si tous les citoyens votent d’une seule et même voix. De fait, comme le note Hayek, « un peuple libre en ce sens-là n’est pas nécessairement un peuple d’hommes libres » puisque la volonté arbitraire de uns – typiquement la majorité – peut contraindre la Liberté des autres – la minorité. Symétriquement, note l’auteur de la Constitution de la Liberté, « il n’est pas nécessaire non plus que quelqu’un ait part à cette liberté collective pour être libre individuellement » [2] ; c’est le cas, typiquement, d’un étranger qui ne dispose pas du droit de vote – et n’a donc pas de « libertés politiques » – mais vit dans un pays où les lois garantissent ses libertés individuelles.

Dans cette définition de la liberté, le peuple est considéré comme un tout, une entité supérieure et distincte de la réunion de ses membres. Le fait qu’un ou plusieurs membres de la Société ne soient pas en accord avec les choix « du peuple » y est, au mieux, ignoré et au pire sévèrement réprimé. L’histoire fourmille d’exemple de peuples libres qui ont usé de leurs libertés politique pour désigner des gouvernements qui, en retour, les ont privés de presque toutes leurs libertés individuelles [3] ; comme si des esclaves étaient présumés libres dès lors qu’ils peuvent élire leur maître.

La Démocratie, n’en déplaise à celles et ceux qui se paient de ces théories politiques fumeuses qui n’entretiennent avec la réalité qu’un rapport lointain (contrat social, consentement à l’impôt et tutti quanti), n’est en rien garante de nos Libertés. La Démocratie, disait Thomas Jefferson, n’est rien de plus que la loi de la foule, suivant laquelle 51% des gens peuvent confisquer les droits des 49 autres ; la « liberté politique », c’est le droit que s’arroge la majorité de priver la minorité de ses Libertés ; certains – peu nombreux il est vrai – n’hésitent pas à écrire que le peuple nord-coréen est libre.

Faut-il pour autant rejeter le principe démocratique ? Certainement pas. De Tocqueville à Hayek en passant par Winston Churchill qui l’a si magnifiquement résumé, on sait que la Démocratie est « la pire des formes de gouvernement – l’exception de toutes les autres. » Malgré tous ses défauts, le principe démocratique reste la forme de gouvernement qui présente les meilleures garanties contre l’arbitraire, le pouvoir d’un seul et la disparition des libertés individuelles. Ses faiblesses sont connues, ses défenses ont régulièrement cédé mais nous n’avons tout simplement pas de meilleure option, elle est, pour suivre Karl Popper, notre seul espoir.

La quête de celles et ceux d’entre nous qui veulent vivre dans une société libre et qui se reconnaissent sous l’appellation commune de libéraux [4] ne doit donc pas viser à dépasser la démocratie, à trouver une forme alternative de gouvernement, mais, bien au contraire, à découvrir les institutions démocratiques les mieux à mêmes de garantir la Liberté. Pour ce faire, nous bâtissons sur les épaules des géants qui nous ont précédés et c’est – fondamentalement – à un effort de synthèse que nous devons nous atteler. Je crois pour ma part que l’avènement de la Société libre passe en priorité par la redéfinition d’un contrat social – c’est-à-dire d’une Constitution qui repose clairement les droits des Citoyens ; une Constitution qui, inscrivant dans le marbre les principes supérieurs de la Loi, limite l’étendue de la « chose publique » et, par là même, le domaine de compétence de l’État.

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[1] La Liberté, malheureusement mal définie comme consistant « à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui », étant expressément désignée comme le premier de ces droits.
[2] Friedrich Hayek, La Constitution de la Liberté, trad. Raoul Audouin et Jacques Garello.
[3] Hernando de Soto notait, non sans humour, que « le Pérou est un pays démocratique : tous les cinq ans, on y élit un dictateur. »
[4] Le terme de « libertarien » - outre le fait qu’il sonne affreusement – est un aveu d’échec. Charge à nous de redonner tout son sens au mot « libéral ».

Réponse à une cigale

Très chère Eugénie,

Vous citâtes, dans l’une de vos brèves (« Travailler plus pour vivre plus », Causeur.fr, le 29 juillet 2013), un extrait de la deuxième épître aux Thessaloniciens dans lequel Paul de Tarse, son auteur présumé, exhorte son auditoire en ces termes : « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. »

Sans épiloguer sur l’étude de l’Inserm qui motive votre intervention, je voudrais ici revenir sur votre interprétation de ladite citation – ou, du moins, de l’usage que l’on en fait couramment selon vous. Ainsi, nous dites-vous, cet avertissement paulinien aurait – je vous cite – « toujours servi de chantage à la société bourgeoise pour plier le prolo aux lois du tripalium » et vous y opposez Le Droit à la paresse de Paul Lafargue qui encourage le bon peuple à « ne travailler que trois heures par jour » et « à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit. »

Nul ne songe, chère Eugénie, à remettre en cause ce droit que vous avez d’occuper vos journées comme bon vous semble. Surtout pas moi : je suis, je l’avoue volontiers, un fervent adepte de la procrastination et de la rêvasserie.

Mais notez bien ceci : j’évoque votre « droit de » – en l’espèce, votre droit d’être oisive – et pas un « droit à ». C’est tout à fait différent ; c’est tout ce qui sépare un véritable droit, une liberté de faire ce que votre cœur vous dit, d’un droit-créance (pour reprendre la terminologie de Raymond Aron) ; c’est-à-dire de l’idée selon laquelle la Société (et donc l’État) vous dois les moyens de fainéanter, de bombancer ou de vous faire les ongles.

Or, chère Eugénie, c’est précisément ce que Saint Paul nous raconte dans cette épître. Le même, deux lignes plus haut : « nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à charge à aucun de vous. »

En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous avez le droit de ne pas travailler que vous avez, pour autant, le droit à l’oisiveté dans la mesure où, comme j’imagine que vous ne vous êtes pas convertie à une vie d’ascétisme, vous vous apprêtez à taper sans contrepartie dans ce que les autres ont produit pour eux-mêmes. C’est comme dans la fameuse fable de Jean de La Fontaine : vous pouvez bien chanter tout l’été mais, lorsque la bise sera venue, il faudra prendre vos responsabilités.

Pour être encore plus clair : faites ce que bon nous semble mais pas aux dépens des autres.

Bien sûr, me direz-vous, ce « droit à » existe déjà – c’est une des dispositions de notre modèle social. Aussi, je vous invite à vous poser deux questions toutes simples : (i) qu’adviendrait-il, selon-vous, si nous suivions tous votre conseil ? Et (ii) quelle sorte de morale y a-t-il à « fainéanter et bombancer » en attendant que d’autres pourvoient à vos besoins ?

Bien à vous.

Prélèvements et contreparties

Il est bien entendu que l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) est un impôt, que la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est une taxe et que les cotisations d’assurance maladie sont des cotisations. Là-dessus, point de débat : ces différents prélèvements obligatoires revêtent des formes différentes – l’assiette, le taux et le mode de calcul. En revanche, ils ont ceci en commun d’être obligatoires et de donner lieu – au moins en théorie – à une contrepartie, des services que l’État est supposé nous rendre.

Or, une des critiques adressées par MM. Laurent et Parienté au jour de libération fiscale, c’est qu’il amalgame les prélèvements destinés à « financer l’État au sens propre » et ceux qui sont redistribués aux contribuables sous forme de prestations sociales ou de subventions. Les auteurs établissent donc une distinction entre les prélèvements qui donnent droit à des services (assurance santé, retraite…) et un autre type de prélèvements qui – manifestement – ne donneraient lieu à aucune contrepartie.

C’est naturellement purement fictif. Lorsque vous payez vos impôts pour « financer l’État au sens propre », vous bénéficiez – au moins en principe – d’un certain nombre de services en contrepartie : police, justice, armée, infrastructures etc.

Très simplement, lorsque votre IRPP sert à payer le salaire d’un fonctionnaire de police, c’est bien d’une dépense socialisée qu’il s’agit et c’est une dépense que vous acceptez parce que, précisément, elle donne lieu à une contrepartie : vous disposez d’une police pour vous protéger. De manière parfaitement symétrique, lorsque votre salaire est ponctionné de cotisations à l’assurance maladie, c’est également une dépense socialisée qui vous donne lieu à une contrepartie : des remboursements de votre caisse d’assurance maladie.

Pour être tout à fait clair, un État dont les impôts ne donnent lieu à aucune contrepartie est une dictature ou le règne personnel d’un monarque absolu – ce qui revient à peu près au même.

Reste à traiter l’aspect distributif. C’est ce qui arrive lorsque vous vous acquittez d’un impôt sans être le bénéficiaire de la contrepartie. Cela peut prendre la forme de transferts financiers (le RSA ou notre système de retraite par répartition par exemple) mais pas seulement : les fonctionnaires de police payés avec votre IRPP protègent aussi celles et ceux d’entre nous qui ne paient pas cet impôt. C’est donc aussi une forme de redistribution ; une redistribution en nature.

Bref, appelez-les impôts, taxes ou cotisations, au-delà de la forme, ça ne change pas grand-chose à l’affaire : ce sont tous des prélèvements obligatoires qui sont réputés financer des services que l’État nous rend. Ce que le jour de libération fiscale cherche à mesurer, c’est la part de nos revenus réels qui est effectivement socialisée ou, si vous préférez, le coût des services que nous impose l’État.

L’impôt tue la croissance

L’économie n’est pas une branche de la morale ou de la politique : c’est une branche de la philosophie ; de la philosophie au sens originel du terme c’est-à-dire une discipline de l’esprit qui ne cherche pas à définir ce qui devrait être ou ce que nous souhaiterions qu’il soit mais à décrire ce qui est. Ce que l’économiste étudie et cherche à anticiper, c’est l’enchaînement des causes et des conséquences ; c’est, en un mot, la réalité.

Une de ces descriptions du réel défendues depuis longtemps par les économistes, c’est l’intuition populaire qui veut que « trop d’impôt tue l’impôt » ou, pour reprendre la formulation plus précise de Jean-Baptiste Say, l’idée selon laquelle « un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte [1]. » En substance, au-delà d’un certain point, toute augmentation du taux de l’impôt réduit l’assiette sur laquelle il est assis. C’est le principe de la courbe de Laffer, du nom de l’économiste américain qui l’a formalisée ; c’est l’effet sur lequel la puissance publique compte lorsqu’elle surtaxe le tabac ou lorsqu’elle envisage d’imposer à 75% les revenus au-delà d’un million d’euro par an. L’objectif est bien, dans les deux cas, de détruire la base sur laquelle porte l’impôt : respectivement, la consommation de tabac [2] et les revenus supérieur à un million d’euro.

Le taux rogne l’assiette

Naturellement, on pense de prime abord à l’évasion ou la fraude fiscale. Effectivement, et pour reprendre les exemples ci-dessus cités, on sait qu’à mesure que l’État augmente les taxes sur le tabac, la contrebande de cigarettes importées illégalement se généralise et les embouteillages aux frontières se rallongent. De la même manière, il ne fait aucun doute qu’un impôt prohibitif sur les hauts revenus entrainera, au mieux, une recrudescence de la fraude fiscale et au pire, une vague d’exils fiscaux. On peut le regretter, considérer que les fraudeurs et les exilés fiscaux sont des traitres, on peut pester, crier, pleurer et couvrir ses cheveux de cendres. Ça n’en reste pas moins vrai.

Mais ce n’est pas tout. Même en supposant des frontières hermétiquement fermées et une administration fiscale parfaitement efficiente, les prédictions de la courbe de Laffer continuent de se vérifier [3] ; au-delà d’un certain niveau d’imposition, vous obtiendrez effectivement les effets que vous recherchiez : une baisse de la consommation de tabac et une raréfaction des revenus de plus d’un million d’euro. C’est-à-dire que la pression fiscale aura un effet dissuasif : les fumeurs arrêteront de fumer et ceux d’entre nous qui perçoivent ou pourraient percevoir des revenus au-delà de ce fameux million d’euro décideront tout simplement de lever le pied.

À l’échelle d’une économie, si l’on néglige les impôts sur le capital [4], la base que détruit notre impôt exagéré n’est rien d’autre que le Produit intérieur brut et donc la croissance. En d’autres termes, lorsque la pression fiscale en général atteint un certain seuil, elle détruit la capacité d’un pays à produire de richesses.

C’est précisément la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Cela ne vous a sans doute pas échappé : la Cour des comptes vient de publier un rapport dans lequel elle estime que les chiffres de croissance sur lesquels tablait notre actuel gouvernement pour boucler son budget 2013 sont largement surestimés. En d’autres termes, selon les sages de la rue Cambon, le manque à gagner fiscal lié à une croissance plus faible que prévue devrait se traduire par un déficit budgétaire « entre 3,8 et 4,1% du PIB » au lieu des 3,7% initialement prévus [5]. Constat dont notre premier ministre lui-même a reconnu publiquement qu’il était « malheureusement vrai » et ce, malgré l’effort « historique » qui consiste à stabiliser la dépense publique en 2013 et à la réduire de 1,5 milliards d’euros en 2014 (sur 1 151,2 milliards ; soit une baisse de 0,13% sur deux ans si tout va bien – « historique » vous dis-je !).

Sœur Anne, sœur Anne ne vois-tu rien venir ?

Et c’est ici que nous entrons de plein pied dans ce que The Economist appelait en mars dernier le « déni français ». Il y a bien une pression fiscale qui bat des records historiques et une économie désormais en récession mais personne au sein de l’appareil d’État et de la presse subventionnée ne semble faire le lien entre les deux. Si j’en crois le discours officiel, la position du gouvernement consiste à persévérer dans cette voie et à attendre le retour de la croissance.

Ce n’est, nous dit Mme Karine Berger, conseillère du président en matière d’économie qui se définit elle-même [6] et sans fausse modestie aucune comme une « vraie intellectuelle » [7] par ailleurs « extraordinairement influente », plus qu’une question de temps. La croissance est là, à portée de main et nous sommes, grâce aux impulsions données par notre État-stratège et par la vertu de nos politiques de redistribution, à la veille d’une séquence économique comparable aux Trente glorieuses. Après la pluie, nous assurent-ils, viendra le beau temps.

Mais le cycle économique, à l’instar de l’amour, est enfant de Bohême qui n’a jamais, jamais connu de loi et le bougre, manifestement, n’est pas d’humeur. En attendant que se réalise l’oracle de la Pythie, les entrepreneurs fuient le matraquage fiscal, nos jeunes diplômés les plus brillants s’expatrient, les français taillent dans leurs dépenses, le chômage galope, les banques hésitent à prêter et les entreprises évitent soigneusement d’investir… Bref, tous se passe comme si nous glissions du mauvais côté de la courbe de Laffer mais nos énarques et polytechniciens balayent l’objection d’un revers de main dédaigneux.

Perseverare diabolicum

Enfermés dans leur citadelle parisienne où, sans doute, la crise ne se fait pas sentir trop durement, nos dirigeants n’en démordent pas : hors une augmentation de la dépense publique, point de salut ! Si ça ne fonctionne pas, c’est sans doute qu’on n’en a pas fait assez et, en application de la devise Shadock, il vaut mieux continuer à pomper même si cela ne produit rien de bon que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.

Mais la réalité, écrivait Philip K. Dick, c’est ce qui, quand on cesse d’y croire, ne disparait pas. Le président et ses ministres auront beau répéter comme un mantra que la croissance et les emplois reviendront à la fin l’année, au début de la suivante, à la prochaine lune ou aux calendes grecques, le fait est que pour le moment, les faits leur donne tort. Cette courbe de Laffer qu’ils tenaient pour un mythe, une élucubration de théoriciens (forcément) ultralibéraux est en train de les rattraper et de saper sous nos yeux l’économie de notre pays.

Au-delà des convictions politiques et des postures morales et uns et des autres, le philosophe sait que ce ne sont pas les faits qui se trompent. Voilà bientôt quatre décennies que nos dépenses publiques explosent, que la pression fiscale augmente, que nous enchaînons les déficits budgétaires et que les dettes s’amoncellent et qu’avons-nous obtenu ? De moins en moins de croissance et une génération entière qui partira bientôt à la retraite sans jamais avoir connu le plein emploi. Quand, enfin, allons-nous apprendre ?

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[1] Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, livre III, chapitre IX (1803).
[2] On me fera remarquer à juste titre que lorsque la puissance publique surtaxe des produits à faible élasticité-prix, elle espère justement que le taux ne rognera pas l’assiette. Dans le cas du tabac, les motivations réelles du législateur peuvent en effet se discuter.
[3] Arthur Laffer raisonnait d’ailleurs en économie fermée.
[4] Qui est constitué de revenus passés.
[5] Pour mémoire, c’est le 39ème budget déficitaire d’affilée depuis le plan de relance de M. Chirac en 1975 et le New Deal de Franklin D. Roosevelt s’était traduit par un déficit budgétaire moyen de 4,3% sur six ans.
[6] Au cours d’une interview publiée dans La Provence du 16 juin 2013 qui, il faut bien le reconnaitre, a fait le bonheur des utilisateurs de Twitter pendant quelques heures.
[7] Thomas Sowell définit l’intellectuel comme un travailleur du monde des idées qui, outre une certaine propension à privilégier la rhétorique aux dépens de la logique la plus élémentaire ainsi qu’un égo volontiers surdimensionné, exerce une influence considérable sur les pouvoirs publics tout en ne pouvant pas être tenu pour responsable des éventuelles conséquences de la mise en œuvre de ses conseils.

Shadockeconomics

Pour venir à bout de la crise, déclara le Grand Prêtre, il faut élever un veau d’or au sommet de la butte Montmartre et inciter tous les français à en faire trois fois le tour.

De là, deux possibilités :

Si la croissance revient, on en conclura que la méthode fonctionne.

Si la croissance ne revient pas, on affirmera que c’eût été bien pire si nous n’avions rien fait [1] et on en conclura qu’il aurait fallu faire huit tours plutôt que quatre.

Une chose que nous ne ferons pas, en revanche, c’est remettre en cause l’efficacité de la méthode. Elle est bonne et ce point ne souffre pas de contradiction. On peut ergoter sur la taille du veau d’or, sur le nombre de tours à faire et même sur l’emplacement de l’idole mais remettre en cause la méthode elle-même n’est pas envisageable. On en a excommunié pour moins que ça.

Comme vous le savez certainement, pour relancer la demande et donc la croissance, il faut que l’État dépense plus qu’il ne perçoit – c’est-à-dire qu’il doit exécuter quelques budgets déficitaires et donc s’endetter. C’est la base de la théorie keynésienne [2] et c’est l’avis que partagent l’immense majorité de nos politiciens (sinon tous) ainsi que les éminences grises qui écrivent leurs discours. Naturellement, le corollaire naturel de cette idée est que toute politique de réduction du déficit (sans aller, bien sûr, jusqu’à dégager des excédents [3]) est une politique d’austérité ou de rigueur ; et qu’une politique d’austérité ou de rigueur est nécessairement récessive.

Là-dessus, point de débat.

Il est en revanche permit de se demander comment, précisément, l’État doit dépenser l’argent ainsi emprunté. Certains expriment une préférence pour les grands travaux (construire des barrages ou des canons) ; d’autre préfèrent que l’on distribue cet argent via les systèmes d’aide sociale (les « stabilisateur automatiques » ou la conscription) ; les derniers, enfin, recommande un mélange des deux (un plan de relance ou une guerre). Après tout, peu importe la méthode, pourvu que le déficit des comptes publics soit important (et qu’on ait l’ivresse).

La référence absolue des partisans de la relance, c’est le New Deal de Franklin Roosevelt. De quelle ampleur fût cette mythique réussite ? C’est bien sûr très difficile à résumer en un chiffre mais – au regard de ce que nous avons écrit plus haut – nous allons tout de même le faire en utilisant le déficit budgétaire d’oncle Sam comme point de référence. De 1932 à 1937, donc, le New Deal s’est traduit par un déficit de 251 milliards de dollars de l’époque – soit une moyenne de 4,3% du Produit intérieur brut sur six ans.

Or voilà, même en faisant preuve d’un optimisme hollandien pour l’exercice en cours et le suivant, le déficit budgétaire de l’État français devrait attendre au bas mot 5% sur la période 2009-2014. C’est un minimum. Je ne suis même pas sûr qu’ils y croient. C’est-à-dire que, sauf miracle, la relance Sarkozy/Hollande aura très largement surpassé celle de Franklin Roosevelt.

Comme il semble que cela ne fonctionne pas, les spécialistes nous répètent que c’eût été bien pire si nous n’avions rien faire et qu'il suffit, pour obtenir les effets escomptés, de creuser encore un peu plus le déficit. De toute manière, comme disait ma grand-mère, après la pluie viendra le beau temps.

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[1] C’est un élément de philosophie Shadock (d'où le titre de ce papier) : il vaut mieux continuer à pomper même si cela ne produit rien de bon que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
[2] Du nom de John Maynard Keynes, son inventeur.
[3] Sur ce point, les disciples de Keynes tendent étrangement à s’écarter des recommandations du maitre.

Les lois de probabilité et le futur

Philippe Silberzahn suit Franck Knight et distingue, d’un point de vue théorique, trois types d’environnement : (i) l’environnement prédictible – celui dont nous connaissons la loi de probabilité ex-ante ; (ii) l’environnement du risque – c’est l’expérience qui nous permet de connaitre la loi de probabilité ex-post et (iii) l’environnement de l’incertitude – lorsque nous sommes face à un phénomène nouveau dont la loi de probabilité nous est totalement inconnue.

Comme je l’avais écrit dans mon papier initial, je suis de ceux qui pensent que le risque et l’incertitude ne sont qu’une seule et même notion ou, du moins, que le premier découle de la seconde. Pour reprendre les termes proposés par Philippe, mon argument peut se résumer en deux points : primo, le fait que nous connaissions la loi de probabilité ex-ante ne signifie pas que nous vivions dans un environnement certain. Deuxio, dans la plupart des situations réelles, nous ne connaissons qu’une distribution ex-post et rien ne nous permet d’affirmer qu’elle restera stable dans le temps.

Je sais que je ne sais pas

Philippe utilise, pour illustrer un environnement prédictible, l’exemple du lancer de dés. Effectivement, un dé a, en général, six faces et si l’on admet qu’il n’est pas pipé, nous savons a priori que la probabilité pour que le dé tombe sur l’une de ses six faces est exactement égale à 1/6. De la même manière, si le jeu consiste lancer le dé 4 fois avec un gain 100 euros lorsqu’il tombe sur 6 et une perte 10 euros lorsqu’il tombe sur une autre face, nous avons affaire à un schéma de Bernoulli dont les résultats possibles suivent tous une loi binomiale de paramètres n = 4 et p = 1/6. Par exemple, nous savons que la probabilité pour que le dé tombe exactement une fois sur 6 (soit un gain de 70 euros) est égale à 38,58025% et nous pouvons calculer que nous avons environ 51,77469% de chances de gagner de l’argent.

Fort bien. Nous voilà donc face à un jeu dont la loi de probabilité est parfaitement connue ; nous pouvons déterminer l’ensemble des cas possibles et leur associer avec précision une probabilité d’occurrence. Cela signifie-t-il que nous pouvons prédire combien nous allons gagner (ou perdre) à l’issue du jeu ? Absolument pas. La seule chose que nous savons, c’est qu’il y a 16 séquences possibles de succès (le dé tombe sur 6) et d’échecs (le dé tombe sur une autre face), qu’à chacune de ces séquences est associée une probabilité non nulle et que le résultat de nos quatre lancers est une variable aléatoire. Une variable aléatoire.

Ce que nous savons, avait coutume de répéter un de mes professeurs, c’est que nous ne savons rien. Avoir près de 52% de chances de gagner de l’argent avec ce jeu implique aussi que nous avons 48% de chances d’en perdre et c’est précisément parce que nous ne savons pas sur quel point de la distribution nous allons tomber que ce jeu est risqué. Un entrepreneur qui, par hypothèse, connaitrait exactement la loi de probabilité que suivront les rendements futurs de son entreprise continuerait à courir des risques : il est tout à fait possible que ces derniers tombent à l’extrême gauche de la distribution.

Impermanence

Dans l’environnement du risque – selon la définition de Knight – c’est encore pire. La seule chose dont nous disposons, c’est une loi de probabilité, ou, plutôt, une distribution empirique, ex post. Par ex-post, comprenez basée sur des observations passées ou, dans le meilleur des cas, sur une extrapolation de données passées. C’est-à-dire que, comme dans environnement prédictible, nous savons que nous ne savons rien mais en plus, nous n’avons qu’une estimation incertaine des scénarios possibles (le dé, après tout, à peut-être sept faces) et des probabilités qui leur sont associées.

Le vendredi 16 octobre 1987 en fin d’après-midi, lorsque Wall Street est parti en week-end, les spécialistes des statistiques appliquées aux marchés des actions ont plié leurs affaires avec une certitude basée sur 9 497 observations quotidiennes : en une seule séance, la pire baisse jamais observée de l’indice S&P 500 était de 6,7% (le 28 mai 1962). Le lundi suivant, c’était le black monday ; l’indice phare des marchés d’actions étasunien chutait de plus de 20% c’est-à-dire la variation quotidienne moyenne observée au cours des 37 années précédentes moins – tenez-vous bien – 26 écarts-types. En matière de black swans, le black monday se pose là.

Nous disposons maintenant de 15 977 observations et ce lundi 19 octobre 1987 reste, encore aujourd’hui, la pire séance jamais enregistrée. Cela signifie-t-il que le S&P 500 ne peut pas chuter de plus de 20% ? Certainement pas. Non seulement un évènement encore plus extrême est théoriquement possible mais ce ne sont pas seulement des évènements extrêmes, des cygnes noirs, qui peuvent se manifester : c’est toute la distribution empirique qui peut changer. La prémisse centrale de tous nos modèles de prédiction, cette idée naïve qui veut que le futur ressemblera peu ou prou au passé, n’est qu’une béquille, un pis-aller grâce auquel nous essayons de délimiter les contours d’un futur fondamentalement incertain. Le phénomène nouveau, ce risque non-probabilisable faute d’observations, c’est justement un bouleversement de la loi de probabilité empirique.

Le paradoxe des dieux

Si nous étions des dieux, nous verrions le futur et nous pourrions décrire avec précision la loi de probabilité de toutes les variables – moyenne, écart-type, asymétrie… chaque point de la distribution nous serait connu à l’avance. Seulement voilà : c’est précisément cette faculté de voir l’avenir, de réduire l’incertitude à néant, qui rendrait la loi de probabilité parfaitement inutile. Si un dieu doué de préscience devait sélectionner des actions, il n’en achèterait qu’une : celle qui montera le plus. C’est-à-dire que dès lors que l’incertitude disparaît, le risque n’a plus de sens et qu’un l’absence de risque, il n’y a pas d’incertitude.

Raison pour laquelle j’écris que « le risque c’est l’incertitude et l’incertitude c’est le risque. »

La définition du risque selon Knight, un environnement dans lequel la connaissance plus ou moins parfaite des lois de probabilité ex-ante nous permet d’anticiper le futur avec un degré de fiabilité raisonnable, ne relève, me semble-t-il, que de l’exercice théorique. En pratique, et, comme le suggère Philippe, c’est peut-être là que nous nous rejoignons : la réalité est faite d’incertitudes.

(J’en profite pour vous recommander le blog de Philippe Silberzahn qui est une véritable mine d’or en matière d’entreprenariat et d’innovation.)

Le serpent qui mord sa queue

Le rôle de préteur en dernier ressort de nos banques centrales modernes est consubstantiel au monopole monétaire. C’est sans doute à Henry Thornton [1], dès 1802, que revient le mérite d’avoir compris ce principe. En substance : puisque la banque centrale – par définition – détient le monopole d’émission des billets de banques, c’est à elle qu’incombe le devoir de prévenir les paniques bancaires en prêtant des liquidités aux banques commerciales. Sept décennies plus tard, alors que la Bank of England s’est vue attribuer ce monopole [2], c’est Walter Bagehot [3] qui va identifier le talon d’Achille du système : cette garantie apportée aux banques impécunieuses créé un aléa moral en les encourageant à prendre des risques inconsidérés.

La solution préconisée par Bagehot consiste à ce que la banque centrale ne prête aux banques en difficulté qu’à des taux volontairement prohibitifs ; ainsi, espère-t-il, une banque commerciale qui ne parvient pas à se refinancer sur le marché pourra toujours trouver de l’aide auprès de la Bank of England mais le taux pratiqué par cette dernière agira comme une « lourde amende » de nature à décourager les comportements spéculatifs. Malheureusement, les sages recommandations de Bagehot sont en contradiction directe avec ce qui va devenir la fonction dominante des banques centrales au XXe siècle : la politique monétaire.

En effet, en bonne application du volet monétaire du policy mix keynésien en cas de crise, on attend désormais des banques centrales qu’elles fassent baisser le niveau des taux d’intérêt sur le marché interbancaire [4] afin de favoriser la reprise du crédit et ainsi, espère-t-on, de relancer l’investissement, la consommation et donc (en économie keynésienne) la croissance. Naturellement, ce nouveau rôle de régulateur économique endossé par les banques centrales implique qu’elles adoptent en période de crise une attitude exactement inverse à celle que préconisait Bagehot. L’aléa moral est d’autant plus fort qu’il est institutionnalisé.

Les ratios de Bâle

À partir du milieu des années 1970, dès lors qu’il était hors de question de remettre en cause le monopole et la politique monétaire, le législateur va tenter de limiter la capacité des banques et autres institutions financières [5] à prendre des risques par voie réglementaire. C’est la naissance des ratios prudentiels ; dispositifs légaux qui obligent les banques et autres institutions assimilables à maintenir une proportion maximale entre les actifs qu’elles détiennent (typiquement des crédits) et leurs fonds propres (i.e. l’argent des actionnaires qui vient en garantie des éventuelles pertes de la banque).

Très rapidement, il est apparu clairement que le seul montant des actifs d’une banque n’était pas un indicateur suffisant des risques qu’elle prenait effectivement : prêter cent dollars à une entreprise minière qui opère au Kazakhstan, par exemple, est beaucoup plus risqué que de prêter cent dollars au gouvernement des États-Unis. Fort de ce constat, le législateur va progressivement introduire la notion d’actifs pondérés du risque qui entrera en application avec la signature, en 1988, des accords de Bâle et la mise en place du ratio dit Cooke ou Bâle I [6].

Retranscrit dans le droit national des pays signataires, l’accord stipule que chaque banque doit désormais disposer d’un capital supérieur ou égal à 8% de ses actifs pondérés du risque ; la pondération du risque étant définie par quatre grandes catégories : les crédits accordés aux États « éligibles » étaient pondérés à 0%, les prêts accordés à d’autres banques à 20%, les crédits immobiliers à 50% et le reste – dont, notamment, les crédits accordés aux entreprises – était pondéré à 100%. En pratique, cela signifiait qu’une banque pouvait prêter à un État sans aucune contrainte de capital mais que pour accorder un crédit à une entreprise, elle devait maintenir une réserve de capital équivalente à 8% du montant du prêt.

Conséquences inattendues

En conséquence de quoi, les banques furent fortement encourager à privilégier les crédits à faible pondération – les crédits immobiliers – aux dépens des crédits plus lourdement pondérés – typiquement les entreprise. Bâle I a ainsi donné lieu à une réallocation massive des crédits bancaires ; les grandes entreprises ont, de plus en plus, préféré faire directement appel au marché (c’est ce que l’on a appelé la désintermédiation bancaire) tandis que les entreprises de taille modestes ont vu disparaître une part essentielle de leur source de financement.

Autre conséquence remarquable de Bâle I : le développement fulgurant des produits structurés de crédit qui permettaient aux banques d’optimiser l’utilisation de leur capital sous contrainte réglementaire. C’est l’explosion du marché des Collateralized Debt Obligations (CDO) et autres Asset-Backed Securities (ABS) que vous connaissez sans doute mieux sous le nom d’« actifs toxiques ». Le succès grandissant de ces produits, tout au long des années 1990, est une conséquence directe de la réglementation.

En juin 1999, le Comité de Bâle a souhaité affiner encore l’évaluation réglementaire des actifs pondérés du risque. Plus précisément, il apparaissait inadéquat qu’un crédit accordé à une entreprise financièrement robuste soit traité de la manière qu’un prêt consentit à une société qui connait de graves difficultés. C’est donc tout naturellement que le deuxième ratio de Bâle – le ratio McDonough – a simplement intégré les ratings des agences de notation à la règlementation donnant au passage un pouvoir considérable à ces dernières dont celui de présenter leurs factures aux sociétés qui devaient être notées. C’était, comme le notait le Financial Times à l’époque, un « Noël des agences au mois de juin. »

La spirale infernale

De toute évidence, les ratios de Bâle se sont révélés largement inefficaces dès lors qu’il est question de prévenir les paniques bancaires et les récessions qui en découlent. En revanche, pour ce qui est de priver les PME de sources de financement, ils ont largement prouvé leur capacité de nuisance. Lorsque le législateur, fidèle à ses habitudes, n’a trouvé d’autre réponse à la crise qu’une version encore plus restrictive de l’ancienne réglementation (Bâle III), ce sont les banquiers et leurs clients qui ont tiré la sonnette d’alarme : si l’objectif est de mettre définitivement un terme aux prêts bancaires à destination des entreprises, on ne saurait trouver de meilleure méthode.

Naturellement, la réponse des pouvoirs publics aux difficultés de financement des PME consiste à évoquer une « défaillance du marché » ; défaillance à laquelle ils opposent la création d’une Banque publique d’investissement à grand renfort d’argent public ; Banque publique d’investissement qui, n’en doutez pas, aura volé en éclats d’ici dix ans.

Ce que ce bref exposé, incomplet à bien des égards, illustre c’est le leitmotiv de l’intervention publique depuis que l’État s’est mis en tête réguler l’économie : chaque nouvelle couche d’interventionnisme créé de nouveaux problèmes qui ne peuvent, dans l’esprit de ceux qui nous dirigent, trouver d’autre solution qu’une nouvelle réglementation, une nouvelle taxe ou une énième instance de contrôle qui, à son tour, créera ses propres effets pervers et ainsi de suite. À la fin du processus, on conclura que le marché ne fonctionne décidément pas et que la seule solution, c’est une planification pure et simple. C’est lassant.

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[1] Henry Thornton, An Enquiry into the Nature and Effects of the Paper Credit of Great Britain (1802).
[2] Par le Bank Charter Act de 1844.
[3] Walter Bagehot, Lombard Street (1873). Bagehot fût le premier rédacteur de chef de The Economist.
[4] Le marché sur lequel les banques s’échangent des liquidités entre elles.
[5] C’est le cas, par exemple, des broker-dealers américains qui tombent sous le coup de la net capital rule à partir de 1975.
[6] Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, hébergé par la Banque des règlements internationaux, regroupe les banquiers centraux du G10 depuis 1974. Le ratio Cooke porte le nom de Peter Cooke, son premier président.

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