Je suis égoïste

Je suis égoïste.

Ce n’est pas que j’en sois particulièrement fier mais c’est la vérité – et j’aime la vérité. Alors oui, je suis égoïste. Je pense d’abord à mon intérêt propre, à celui de ma femme, de mes enfants, de mes amis avant d’envisager celui qui est supposé être général – quelle que soit la définition que vous voulez bien lui donner. Je vis, avant toute chose, pour moi-même et pour celles et ceux qui me sont chers. Vos classes sociales, races, religions ou nations m’indiffèrent pour l’essentiel et passeront au mieux au second plan de mes préoccupations. J’ai, au fond de ma petite personne, le sentiment profondément ancré que, si ma vie a bien eu un début, elle aura aussi une fin : dans le laps de temps qui m’est imparti, j’ai bien l’intention d’en profiter.

Je veux vivre. Je veux aimer, créer, faire et réussir. Je veux offrir la meilleures des vies possibles à ces cinq êtres humains qui composent ma famille la plus proche et je veux le faire par mes propres moyens. Ça aussi c’est important : je refuse obstinément et jusque à un point qui relève de l’obsession de devoir quoi que ce soit à qui que ce soit : ce que j’ai, je l’ai gagné ; ce que je n’ai pas, je ne l’ais pas mérité. Appelez ça de la fierté ou de l’obstination. Peu importe le nom qu’on lui donne.

Je suis égoïste et je n’en ai pas honte. Je n’en suis pas fier – je l’ai dit plus haut – mais je n’en ai pas honte. C’est peut-être que vous et moi n’avons pas la même définition de ce mot : pour moi, être égoïste ne signifie pas que je me fiche du sort de mes semblables [1]. Pas du tout. Seulement, ma solidarité et ma générosité ne s’applique pas de manière égale à tous. Par exemple, pour mon ami Karim, qui est jordanien et musulman, je crois que je serais prêt à tout. J’aime ce type : il a ce mélange d’intelligence brillante, de simplicité et d’humanité vraie qui fait que certains de mes semblables, à mes yeux, valent plus que d’autres. En revanche, être solidaire d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’une Marine le Pen, pardon, mais c’est trop me demander. Ces deux là, de mon point de vue, sont les représentants de la lie de l’humanité, des nuisibles dont les idées, les motifs et les moyens ne m’inspirent que du dégoût. Oh, je ne dis pas que s’ils se noyaient j’appuierais sur leurs têtes mais, franchement, j’hésiterais à leur porter secours.

C’est que je n’ai pas non plus la même définition de solidarité et de générosité que vous. Pour moi, l’un comme l’autre ne peuvent être que des actes volontaires, un choix individuel qui me pousse, respectivement, à unir mon sort à l’un de mes semblables ou à lui venir en aide lorsque sa situation me touche. Dans ma vision des choses, être solidaire c’est un pacte entre individus libres et consentants, c’est – comme au temps des premières mutuelles ouvrières – ce que font des gens qui veulent lier leurs destins et faire cause commune face aux aléas de la vie. Dans ma vision des choses, la générosité c’est un don, gratuit et unilatéral ; une main tendue que saisira un autre homme libre et pour laquelle vous n’attendez pas d’autre récompense qu’un « merci. »

Mais lorsque la solidarité ou la générosité deviennent des obligations – qu'elles soient religieuses, légales ou les deux – elles ne méritent plus de porter ces noms. Lorsque la solidarité et la générosité consistent à me prendre de force le fruit de mon travail pour le reverser à des individus qui n’ont absolument rien fait pour mériter que je leur vienne en aide et qui, de surcroît, n’éprouvent pour moi que mépris et ressentiments… Pardon, mais je ne suis pas « solidaire. » Je suis égoïste. Ce que vous appelez solidarité ou générosité, je l'appelle « vol légal. » Oxymore ? Seulement si vous pensez que, par définition, tout ce que fait un gouvernement est légal [2]. C’est le droit naturel contre le droit positif – vous devrez me pardonner de penser que le premier prévaudra toujours sur le second.

Oui, je suis égoïste. Je suis égoïste parce que je porte en moi cette conviction que ma vie n’appartient qu’à moi, que je suis un individu bien avant d’être un rouage de vos grands ensembles abstraits. Je refuse que quiconque vive à mes dépens comme je refuse de vivre aux crochets de que qui que ce soit, je ne veux pas de vos protections obligatoires que vous m’imposez comme le ferait une vulgaire mafia, je rejette de toutes mes forces votre pseudo-générosité et votre fausse solidarité ; cette condition avilissante dans laquelle votre « modèle social » veut m’enfermer : celle qui me laisse le choix entre être le salaud qu’il faut tondre et l’assisté qui devra mendier sa subsistance dans vos administrations.

J’entends d’ici votre vertueuse indignation.

Je suis égoïste mais vous l’êtes autant que moi. À cette différence près que vous êtes hypocrites de surcroît. Combien, parmi vous, de vertueux hauts fonctionnaires qui clament avoir « le service public chevillé au corps » et n’hésite pas, dans leur propre intérêt, à utiliser leur position pour s’attribuer avantages indus, passe-droits et autres menus services de leurs collègues ? Combien d’élus, garants de l’intérêt général, qui, non content d’être payés grassement, fraudent, usent et abusent de leurs pouvoirs et de leur influence à des fins purement personnelles ? Combien de syndiqués qui défilent chaque premier mai en réclamant des « avancées sociales » qui, de toute évidence, n’ont pas d’autre objet que d’améliorer leurs situations individuelles aux dépens des autres ? Combien de bénéficiaires des aides sociales qui appellent à la solidarité tout en filtrant les appels de Pôle Emploi ? Combien de « français de souche » qui se drapent dans un patriotisme résistant pour réclamer qu’on leur reverse les allocations touchées par ceux qu’ils jugent trop bronzés ? Combien de généreux bobos des beaux quartiers qui votent pour plus de redistribution alors qu’eux-mêmes excellent dans l’art subtil de l’évasion fiscale ? Combien de dirigeants de nos grandes entreprises qui, au nom l’intérêt supérieur de la France, arrondissent leurs fins d’années en négociant protections douanières et commandes publiques dans l’antichambre des ministères ?

L’hypocrisie. Voilà de quoi votre système est malade. La dure réalité, c’est qu’à une égratignure à peine sous le vernis de votre universalisme mielleux pour les uns, de votre patriotisme tapageur pour les autres et de votre générosité redistributrice pour tous, se cache votre nature humaine ; laquelle n’est certainement pas meilleure que la mienne. Vous êtes aussi égoïstes que moi mais vous préférez avancer masqués, cacher vos objectifs personnels sous de grands mots – « justice sociale », « identité nationale », que sais-je – tout en veillant à exploiter le système qui en résulte au mieux de vos intérêts. Parlez-moi donc de morale !

D’ailleurs, vous observerez avec moi que vos héros politiques – qui sont, bien entendu, si vertueux et désintéressés que vous n’hésiteriez pas à leur confier encore plus de pouvoirs qu’ils n’en ont déjà – l’ont bien compris : à droite comme à gauche on rivalise de promesses de cadeaux, confiseries et autres caresses pour mieux s’attirer vos faveurs printanières. Retraites, salaires, services « gratuits » [3]… Tout y passe. Qui va payer ? Les autres bien-sûr ! Tenez, par exemple, les « riches » (comprendre les plus riches que vous), les marchés financiers, les entreprises étrangères… Bref, tout ce qui cumule le double avantage d’avoir de l’argent et peu de poids électoral. Et vous ? Vous applaudissez : le vol légal a toujours beaucoup de succès auprès de ceux qui pensent être du bon coté du fusil.

Oh, je sais que vous avez tout un arsenal de justifications pour colorer l’entreprise de justice, de solidarité et autres faux-semblants. Les riches sont des exploiteurs capitalistes, les marchés financiers sont responsables de la crise, les entreprises étrangères désindustrialisent la France… On a les convictions de ses intérêts et quand on ne les a pas, on les invente. Mais à la fin de l’histoire, seuls face à vous-mêmes, vous devrez bien admettre que votre véritable motivation, le véritable moteur de votre action, de votre choix de société, de votre choix politique… se trouve en face de vous.

Alors moi qui suis égoïste mais qui refuse de cautionner cette société de pillage et de mensonge, je n’irai pas voter ou je voterai blanc ou nul – c’est à voir. Quoiqu’il en soit, je n’apporterai mon suffrage à aucun de vos héros : j’ai trop de respect pour l’idée de la démocratie pour accepter de me livrer à cette farce sinistre. Je suis mon propre royaume et je réclame le droit de me gouverner moi-même.

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[1] Note aux électeurs des fronts : par « mes semblables », j’entends les homo sapiens – peu importe leur origines ethniques, tailles, religions, poids, classes, nationalités, appartenances politiques et autres groupes dans lesquels vous aimez les classer.
[2] À ce propos, l’auteur de ces mots souhaite éviter le point Godwin ; il vous appelle néanmoins à réfléchir quelques instants sur cette phrase.
[3] Allons, combien d’entre vous pensent que la Sécu ou l’Éducation Nationale sont des services gratuits ?

Monsieur le Président

Monsieur le Président,

Vous ne me connaissez pas mais moi, je vous connais très bien. J’étais là lorsque vous fîtes vos débuts en politique – il y a 38 ans déjà ! – et j’ai suivi pas à pas votre longue carrière sous les ors de République. J’ai été témoin de votre ascension au sein de ce parti qui a fait de vous son candidat. J’ai écouté vos discours publics comme vos conversations privées. J’ai observé chacun de vos actes, patiemment, sans rien dire. Mais maintenant que votre élection et la date de notre première rencontre approche, je crois utile de vous écrire quelques mots.

On a décrit cette campagne présidentielle comme l’affrontement de Hobbes et de Rousseau. Vous et moi savons pertinemment qu’il n’en est rien ; vous et moi savons que nous assistons à un affrontement de Machiavel contre Machiavel. Comme votre adversaire, votre carrière toute entière, vos prises de positions et chacun de vos actes n’a été guidé que par un seul et unique impératif : accéder au pouvoir et vous y maintenir. Au-delà des postures et des faux-semblants, c’est l’exercice du pouvoir qui vous a toujours motivé et qui reste, encore aujourd’hui, votre seul véritable moteur. Pour y parvenir, vous vous êtes compromis mille fois, vous avez renié vos idées, vous avez trahi vos amis et vous êtes même allé jusqu’à accepter de faire de votre vie privée un mensonge – comme lors de cette séparation d’avec votre épouse d’alors, intervenue comme par hasard au lendemain des élections présidentielles de 2007.

J’étais là, lorsque sous prétexte d’améliorer la vie de vos concitoyens, vous avez ruiné les comptes publics de la collectivité dont vous aviez la charge. Vous et moi savons précisément pourquoi vous l’avez fait. Il n’y avait là ni urgence, ni « justice sociale », ni théorie économique mais seulement du clientélisme politique. D’une main, vous avez distribué des subsides publics pour mieux acheter le soutient de vos électeurs tandis que de l’autre, vous preniez soin de les taxer le plus discrètement possible tout en épargnant vos amis, vos bailleurs de fonds et – bien sûr – vous même. Vous vous êtes toujours montré si généreux avec l’argent des autres ! Le résultat, vous le saviez comme moi, ne pouvait être qu’un endettement intenable et toutes les conséquences économiques et politiques que cela implique. Mais après tout, pensiez-vous en votre for intérieur, « après moi, le déluge. »

C’est lorsque les conséquences de votre incurie son devenues trop visibles et que l’état des finances est devenu un sujet d’inquiétude que vous m’avez ignoré une première fois. Jusque là, vous aviez toujours vécu dans ce monde rassurant et confortable tel qu’il vous avait été décrit lors de votre passage à Science Po. Un monde déterminé et bien rangé où le droit positif, la parole politique et l’appareil des partis se suffisent à eux-mêmes. Un monde où un homme tel que vous, qui n’a jamais mis les pieds dans une entreprise autrement qu’accompagné d’une nuée de journaliste, peut se permettre de donner des leçons de bonne gestion, se faire passer pour un investisseur visionnaire. Mais cette fois-ci, c’était différent. Cette fois-ci, je me suis manifesté.

Vous avez accusé les banquiers, les traders, les paradis fiscaux, les marchés financiers – qui d’autre encore ? – des conséquences de votre gestion calamiteuse. Mais vous le savez très bien, tous n’étaient que des boucs émissaires qui, comme tout bon bouc émissaire, présentaient le triple avantage de n’avoir aucun poids électoral, de ne pas avoir de visage et de ne pas susciter spontanément la sympathie de ceux à qui on les jette en pâture. Ce n’était pas les banquiers, ni les traders, ni les paradis fiscaux pas plus que ce n’était les marchés financiers ou Dieu seul sait qui d’autre encore. C’était moi. Vous m’avez appelé « mondialisation ultralibérale » et « capitalisme financier » ; vous m’avez accusé d’attaquer la France, de vouloir nuire à son peuple, de vouloir détruire ce fameux social que vous défendez avec tellement de vigueur alors que vous le savez condamné ; vous avez même poussé le vice jusqu’à prétendre me « moraliser » alors même que la corruption de vos amis politiques s’étalaient sur la place publique. À mal me nommer, en ne sachant pas me reconnaitre, vous m’avez ignoré.

Vous avez préféré continuer à mentir et à faire semblant. Comme votre adversaire, vous avez donné dans la surenchère démagogique et avez tenté de séduire les électeurs les plus radicaux de votre famille politique ; ceux qui ont cédé aux sirènes des idéologies totalitaires, ceux qui cherchent un maître, ceux qui ont déjà oublié la leçon sanglante que notre humanité s’est infligée à elle-même au XXème siècle. Taxation des transactions financières, créations de banques publiques, augmentation ex-nihilo des bas salaires, encadrement des loyers, réglementations et subsides publics comme s’il en pleuvait et voilà maintenant que, sans le dire, vous nous promettez du protectionnisme… Peu importe que chacune de vos propositions, sous une forme ou une autre, ait déjà été tentée mille fois et ait été mille fois un échec ; votre objectif, nous l’avons déjà dit plus haut, c’est le pouvoir : après le 6 mai, croyez-vous, vous trouverez bien un moyen de vous en sortir.

Vous avez cru, comme votre concurrent, que votre salut résidait dans la récupération des votes extrêmes. Là encore, vous avez eu recours à vos boucs émissaires habituels ; l’un accusant les étrangers de nous « submerger » et de menacer notre modèle social – oubliant, par la même occasion, d’où vient sa propre famille – et l’autre déclarant sa haine des « riches » et son intention de mieux les tondre – commettant ainsi la même faute que son adversaire. Et voilà que les extrêmes que vous avez si bien flatté l’un et l’autre renaissent de leurs cendres. Voilà qu’à force de mensonge et de lâcheté vous avez réveillé les plus bas instincts de ceux qui ne demandent qu’à vous croire. Voilà que votre stratégie se retourne contre vous. Vous n’avez désormais plus le choix : vous dédire ou tenir vos promesses jusqu’à la catastrophe.

Encore une fois, vous m’avez ignoré. Vous avez balayé mes avertissements d’un revers de main dédaigneux et vous avez préféré écouter vos stratèges, vos conseillers et vos communicants. Mais je suis de ceux, Monsieur le Président, que l’on n’ignore pas sans avoir un jour à en subir les conséquences. Vous crierez au complot, à l’ennemi de l’intérieur et au danger de l’extérieur mais vous savez que tout cela n’est que le nuage de fumée derrière lequel vous essayez de vous cacher. Je n’ai rien à faire, pas un geste, pas une parole : il me suffit d’exister. Il est inutile de me chercher : je suis déjà là, partout autour de vous et depuis toujours. Il est vain d’essayer de me faire disparaitre, je suis ce qui, quand on cesse d’y croire, ne disparait pas.

Monsieur le Président, mon nom est Réalité. Vous allez bientôt être élu et nous allons enfin nous rencontrer. Je dois vous prévenir : je crois que vous n’allez pas apprécier.

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Addendum : merci à Dimitri pour la correction orthographique :)

La rigueur tue !

Imaginons un instant que vous soyez keynésien et que, comme tout bon keynésien, vous souteniez l’idée selon laquelle, en cette période de crise, nous devrions nous en tenir au bon vieux policy mix qui consiste à (i) faire tourner la planche à billet et (ii) augmenter la dépense publique quitte à accroître le déficit budgétaire. Bref, à poursuivre le genre le politiques que nous appliquons depuis – au bas mot – 40 ans.

Évidemment, les temps ne sont pas faciles. D’une part, l’expérience récente – notamment aux États-Unis – n’est pas particulièrement probante. D’autre part, le principe selon lequel « si ça ne fonctionne pas, c’est qu’on en a pas assez fait » a de plus en plus de mal à convaincre. Enfin, un certain nombre de pays européens, il est vrai au pied du mur, ont décidé de changer leur fusil d’épaule et préfèrent désormais des politiques de réduction de la dépense publique – la fameuse « rigueur ». Il vous faut donc, plus que jamais, un argument massue, une « idée-obus » de calibre Montebourgueste pour gagner, une fois encore, les faveurs de l’opinion publique ou, au moins, de l’opinion publiée.

Petite leçon de militantisme illustrée.

Article #1. quand la raison et le bon sens s’obstinent à vous donner tort, il faut faire appel aux sentiments. Et là, il est peu de sujet qui véhicule autant de charge émotionnelle que la description de ceux de nos contemporains qui, victimes sacrificielle de l’ignoble rigueur, décident de mettre fin à leurs jours – les « vagues de suicides » chez France Télécom ou chez Foxconn en étant deux illustrations récentes. Dans le même esprit, cet article du New York Times [1] daté du 14 avril 2012, nous apprend qu’« en Grèce, le taux de suicide des hommes a augmenté de plus de 24% entre 2007 et 2009 d’après les statistiques du gouvernement. En Irlande, durant la même période, les suicides des hommes ont augmenté de plus de 16%. En Italie, les suicides motivés par des difficultés économiques ont augmenté de 52 pourcent, à 187 en 2010 – l’année la plus récente pour laquelle les statistiques sont disponibles – contre 123 en 2005. » Bien entendu, c’est une conséquence de la crise mais surtout, nous assure t’on, c’est à cause de la rigueur.

Article #2. Les chiffres c’est froid et à trop les utiliser, on risque non seulement de tendre le bâton pour se faire battre (on y revient) mais surtout de donner le sentiment au lecteur qu’on se fiche comme d’une guigne du malheureux sort de ces pauvres gens. Il faut donc illustrer le fait par quelques exemples bien choisis comme celui d’Antonio ou de Giovanni et ne pas oublier, comme le fait si bien l’inénarrable Paul Krugman [2] dès le lendemain, de rappeler que c’est votre cœur qui parle alors que les tenants de la rigueur, de toute évidence, son déterminer à pousser le continent entier au suicide.

Article #3. Mais revenons tout de même aux chiffres. Il est une règle efficace qui permet, sans effort, de transformer une petite variation de taux en une véritable catastrophe : elle consiste simplement à l’exprimer en pourcentage de croissance. Par exemple, pour la Grèce, si je vous dis que le taux de suicide des hommes a augmenté de « plus de 24% » entre 2007 et 2009, voilà un chiffre qui marque l’imagination ! Avec un peu de chance, certains d’entre nous penseront même que le taux est passé de – mettons – 5% à 25,9%... un malentendu est si vite arrivé. En revanche, si je vous dis que le taux de suicide des mâles grecs est passé de 4,3 pour 100 000 en 2007 à 5,2 pcm en 2009 (i.e. 0,0052%) [3], c’est tout de suite moins impressionnant. Si j’ajoute, que ce taux se trouve être – et de loin – le plus faible de l’Union Européenne et que, la même année, il atteignait plus de 23 pcm en France, il y a fort à parier que l’argument porte moins bien.

Article #4. Le choix du point de départ est très important : dans l’exemple grec, 2007 présente un double avantage : c’est effectivement le début de la crise des subprimes mais c’est aussi, après 2002, l’année où le taux de suicide des hommes grecs a été le plus faible dans la décennie 1999-2009. Les auteurs de l’article auraient choisi 2006 et son taux de 5,1 suicides pour 100 000 hommes, que l’explosion n’aurait été que de 2%. La même conclusion s’impose pour l’Irlande où le taux passe de 17 pcm en 2006 à 16,1 pcm en 2007 avant de remonter à 18,6 pcm en 2009. Ainsi, si l’on se donne la peine d’y regarder de plus près, on conclura que le taux de suicide des irlandais comme des grecs est globalement stable sur la décennie et que le pic que l’on observe ces deux dernières années n’a, malheureusement, pas grand-chose d’étonnant en période de crise. Mais évidemment, c’est moins vendeur.

Article #5. Il faut aussi savoir adapter l’instrument mesures en fonction des circonstances. Par exemple, dans le papier qui nous intéresse, le cas italien : vous avez sans doute observé qu’il n’est plus question du taux de suicide au sein de la population mâle mais du nombre de suicide réputés être « motivés par des difficultés économiques » sur l’ensemble de la population. En l’espèce, il semble que ce chiffre ait explosé de 52% en passant de 123 cas en 2005 à 187 cas en 2010 – ce qui, rapporté à la population italienne, représente un taux de 0,2 pour 100 000 habitant en 2005 et de 0,3 pcm en 2010. Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas tout simplement utiliser la même mesure que pour les grecs et les irlandais ? Eh bien c’est fort simple : parce que le taux de suicide des italiens passe de 8,4 pcm en 2007 à 8,8 pcm en 2009 ; soit une augmentation de 4,8%.

Article #6. Il est essentiel de sélectionner habilement ces exemples. Lorsqu’on vous parle de la crise souveraine et des horribles politiques de rigueur que nous imposent nos « élites mondialisées inféodées au capital apatride », vous pensez non seulement à la Grèce, à l’Irlande et à l’Italie mais aussi au Portugal et à l’Espagne n’est-ce pas ? Vous me voyez venir ! Eh oui, de 2007 à 2009, le taux de suicide des hommes portugais et espagnol augmente de 8,1% et 7,3% respectivement – c'est-à-dire moins qu’en Suède (+8,6%) sachant que les taux de 2009 sont de 10,3 pour 100 000 en Espagne, de 13,4 pcm eu Portugal et de – attention les yeux – 17,7 pcm en Suède.

Article #7. Enfin, et c’est peut être le plus important, il convient d’opérer discrètement à quelques discrets sophismes pour transformer une évidence – la récente hausse du nombre de passage à l’acte est lié à la crise – en une affirmation fallacieuse – c’est la rigueur qui pousse les gens au suicide. Il suffit, pour ce faire, de l’affirmer sans le démontrer et d’éviter soigneusement de parler des contre-exemples les plus évidents : typiquement, le cas des champions toute catégorie de la dépense publique qui ne comptent manifestement pas s’en arrêter là – j’ai nommé les danois – qui, malgré leur État-providence que l’univers entier leur envie, se sont suicidé 16,2% fois plus en 2009 qu’en 2007.

Et voilà comment, en une petite phrase et trois chiffres, celui qui parle d’autorité va réussir à faire croire au monde entier que les politiques de « rigueur » mises en œuvres chez certains de nos voisins sont en train de déclencher une énorme vague de suicides. Ces quelques mots, il faudra des heures d’explication et des bataillons de chiffres pour tenter de démontrer qu’il ne relève de rien d’autre que de la propagande ; il faudra expliquer que ce drame humain qu’est le suicide est infiniment plus complexe qu’une simple réponse à la politique budgétaire d’un État ; qu’on se suicide plus au nord que dans le sud ; qu’on est plus pressé dans finir quand on est vieux et malade que quand on est jeune et en bonne santé ; que bien au-delà des difficultés financières et de la charge de travail, c’est souvent la perte de sens et le sentiment de n’être qu’un rouage négligeable d’un appareil inhumain qui poussent nos semblables à commettre l’irréparable [4].

Le mal est fait. Les démagogues et les manipulateurs, non content de ce livrer là à une odieuse récupération des malheurs des gens, malheurs dont ils sont pour l’essentiels responsables, ont certainement réussit à convaincre nombre d’entre nous que la rigueur tue, que c’est une stratégie criminelle et même – si ça ce trouve – que c’est précisément l’intention des quelques gouvernements qui ont eut le courage de choisir cette option. Je gage que nos candidats aux présidentielles vont rapidement récupérer l’information et s’en servir sans modération pour nous vendre encore un peu plus de ce qui n’a jamais marché ; « en politique, disait Talleyrand, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai. »

En attendant, les gens souffrent et, pire encore, ils ne savent pas pourquoi.

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[1] Elisabetta Povoledo et Doreen Carvajal, Increasingly in Europe, Suicides ‘by Economic Crisis’ dans le New York Times du 14 avril 2012.
[2] Paul Krugman, Europe’s Economic Suicide dans le New York Times du 15 avril 2012.
[3] Eurostat, Décès dus au suicide, par sexe, taux de mortalité standardisé pour 100 000 habitants.
[4] On rappellera, à ce titre, que les deux entreprises dans lesquelles on se suicide le plus en France sont – dans l’ordre – l’Éducation Nationale et la Police Nationale ; ravages du capitalisme ?

Pensée unique chez Marianne

À la question : « de quel candidat vous sentez-vous le plus proche ? », voici ce que répondent les journalistes de Marianne :

Ce qui nous fait donc 8 journalistes sur 10 qui se sentent plus près de la gauche que du reste ; dont un bonne moitié qui vote à l’extrême gauche. Nicolas Dupon-Aignan, François Bayrou et les préférences non-exprimées se partagent les 2 journalistes restants.

Saoulez-vous citoyens !

Comme vous le savez sans doute, après le gilet de sécurité et le triangle de signalisation, les automobilistes et motards français devront être en mesure de justifier de la possession d’un éthylotest homologué (norme NF X20704), non-périmé et non-usagé à bord de leur véhicule à compter du 1er juillet 2012. C’est la loi et plus précisément le décret n°2012-284 du 28 février 2012 qui vient compléter le dispositif déjà en vigueur depuis le 1er décembre 2011 qui fait obligation aux établissements « ouverts entre 2 heures et 7 heures du matin » (comprendre les boîtes de nuit) de mettre à disposition de leurs clients un dispositif de dépistage d'alcool.

Vous aurez donc le choix entre des éthylotests chimiques à usage unique – principalement les fameux « ballons » commercialisés par la société Contralco – qui vous coûteront entre 1 et 2 euros mais devront être renouvelés tous les deux ans et des appareils électroniques non-périssables mais beaucoup plus onéreux – tels que ceux proposés par des sociétés comme Alcohol Countermeasure Systems, Dräger, Éthylo, Objectif Prévention ou Pélimex – comptez au minimum une centaine d’euros [1]. Comme il va de soit que nous seront nombreux à opter pour la première option, je me permets de vous suggérer d’en acquérir une paire : en effet, si vous deviez faire usage de votre unique éthylotest, vous seriez ipso facto hors la loi.

Nous voilà donc avec une nouvelle dépense obligatoire qui vient compléter très provisoirement l’arsenal pléthorique des mesures stupides et des lois inutiles dont nous abreuvent nos politiciens. Une fois dépassé le stade du « Oh-mon-Dieu-c’est-horrible-tous-ces-gens-qui-meurent-sur-la-route ! Mais-que-fait-le-gouvernement ? », les plus perspicaces d’entre nous auront noté qu’un éthylotest n’apporte absolument aucune information nouvelle à celui qui s’apprête à prendre le volant après avoir bu plus que de raison. Il est sous l’emprise de l’alcool, il le sait et l’humanité se divise entre ceux qui feront le choix raisonnable de rentrer à pied et les imbéciles qui décideront de passer outre. J’ai beau chercher, je ne vois pas en quoi la présence d’un éthylotest dans le véhicule y changera quoique ce soit.

Mais voilà que depuis quelques jours, l’internet sauvage et dérégulé bruisse d’une nouvelle rumeur qui expliquerait, au-delà de la bienpensance dopée à la moraline à laquelle nous sommes maintenant habitués, comment une loi aussi inepte a pu finir par s’imposer. Il se trouve que la mission d’information parlementaire qui est à l’origine de cette proposition (Jung-Houillon) comme M. Guéant qui s’en est fait le principal promoteur, auraient fait l’objet d’une intense campagne de lobbying de la part d’une mystérieuse association nommée « I-Test ». Et il se trouve que cette association ne serait pas composée de victimes de la route ou de familles éplorées mais d’une brochette de producteurs d’éthylotests. Mieux encore, apprend t’on, cette association aurait été formée en juillet 2011 – moins d’un mois après la création de la mission parlementaire – et serait présidée par un « chargé de mission en éthylomètrie » de la société Contralco qui se trouve, par ailleurs, être un ancien vendeur de radars. Bref, nous aurions là affaire à une scandaleuse manœuvre de lobbying de la part d’industriels qui ont trouvé un moyen radical de gonfler leurs profits en faisant en sorte que nous soyons obligés d’acheter leurs produits.

J’ai vérifié : c’est tout à fait vrai. I-Test est bien une entreprise de lobbying des producteurs d’éthylotests et elle a effectivement fait des pieds et des mains pour que cette loi soit adoptée. Mais je dois bien admettre que je n’ai absolument aucun mérite et que ce fait d’arme ne me vaudra sans doute pas mes galons de journaliste d’investigation [2] : tout ceci est tout ce qu’il y a de plus officiel et de plus transparent, une rapide recherche sur internet suffit à le démontrer. Par exemple, dans la déclaration faite à la préfecture de police le 19 juillet 2011, I-Tests déclare être « une association lobbyiste à but non lucratif agissant en faveur du développement des systèmes et dépistages d’alcool et des drogues pour tous, à toutes heures et en tous lieux [3]. » et publie la liste de ses membres qui se trouvent être des cadres dirigeants des sociétés citées plus haut. De même, lorsque M. Daniel Orgeval, président d’I-Test, se présente lors de son audition du 1er septembre 2011 à l’assemblée nationale, il n’en fait pas le moindre mystère : je le cite « la jeune association I-Tests que je préside regroupe les industriels et les spécialistes de la production des appareils de mesurage et de dépistage de l’alcoolémie et des stupéfiants. […] Nous réclamons l’application, par un décret en Conseil d’État, de la disposition de l’article L. 234-14 du code de la route prévoyant que tout automobiliste justifie de la possession d’un éthylotest. » [4]. C’est clair, net et précis.

Et voilà mes concitoyens indignés qui découvrent soudainement que les antichambres de nos ministères comme les couloirs de l’assemblée sont peuplés de lobbyistes qui défendent leurs intérêts particuliers… Grande nouvelle !

Non mais sérieusement : que faisiez vous ces soixante dernières années ? N’est-ce pas vous qui avez dit et répété qu’il fallait que l’État nous protège contre nous-mêmes et nous éduque ? N’est-ce pas vous qui avez dit et répété que la santé et la sécurité des français était un sujet trop sérieux pour le « livrer aux seules forces du marché » ? N’est-ce pas vous qui avez dit et répété que l’État devait intervenir pour « soutenir l’industrie nationale » et « réguler le capitalisme » ? Eh quoi ? À quoi vous attendiez-vous ? C’est le système pour lequel vous votez depuis 60 ans (au bas mot) et c’est encore ce système que vous allez légitimer lors des échéances électorales à venir. Vous vouliez que l’État vous materne et se mêle d’économie ? Vous êtes servis.

Oui, madame, monsieur : en cherchant un peu, vous pourrez vérifier que les producteurs de biocarburants, de panneaux solaires et autres énergies vertes ont, eux-aussi, constitué des lobbies passés maîtres dans l’art de la chasse aux subventions et qu’ils ont, à coup de campagnes de communication, réussit à s’offrir les réglementations qui leurs permettent de vivre à vos dépens. Vous n’aurez aucun mal à vérifier que nos opérateurs de téléphonie mobile ont réussit à obtenir de nos gouvernements que le marché national leur soit réservé ; vous permettant de payer pendant dix ans les abonnements les plus chers d’Europe. Vous n’aurez aucune difficulté à trouver les estimations du coût du programme Rafale, supportés par le contribuable au profit de Dassault Aviation et au nom du soutient d’État à l’emploi industriel. Cherchez encore, et vous réaliserez que notre merveilleuse Sécurité Sociale est une source de profits gigantesques pour la filière pharmaceutique qui nous vend des médicaments génériques parfois jusqu’à cinq fois plus cher que chez nos voisins ; vous apprendrez que si les banques s’enrichissent à ce point c’est précisément grâce au soutient de vos politiciens et de leurs banques centrales ; que les politiques protectionnistes – de l’Allemagne de Bismarck à l’Amérique de la loi Smoot-Hawley – ont toujours étés soutenues par des lobbies agricoles ou industriels qui, sous couvert d’intérêt général, ne visaient rien d’autre que leurs comptes de résultat… On pourrait continuer des heures.

La prochaine étape pour I-Test, c’est de rendre obligatoire les systèmes d’éthylotests anti-démarrage sur toutes les voitures vendues en France. Ils doivent, pour y parvenir, vaincre le lobby de l’industrie automobile qui combat cette mesure qui risque de faire augmenter ses coûts de production. Comme d’habitude, ce n’est pas le meilleur qui gagnera mais celui qui saura le mieux manœuvrer dans les cercles du pouvoir. Un jour peut-être comprendrez vous enfin que défendre le capitalisme et l’économie de marché ne revient absolument pas à défendre les intérêts des « capitalistes ». En attendant, pensez à acheter deux éthylotests.

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[1] Vous trouverez la liste des produits homologués ici.
[2] Et ce, d’autant plus qu’il faudrait pour cela que je fasse partie de la corporation des journalistes.
[3] Sur net1901.org.
[4] Mission d’information relative à l’analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière, compte rendu n°10.

Les ravages de la mondialisation néolibérale

Selon les données de la Banque Mondiale, le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollars US par personne et par jour (i.e. le seuil d’extrême pauvreté) s’est réduit de 1,9 milliards en 1981 à un peu moins de 1,3 milliard en 2008. Sur la même période, la population mondiale est passée de 4,5 à 6,7 milliards d’individus ; en d’autres termes, le pourcentage de la population mondiale vivant dans un état d’extrême pauvreté a chuté de 43% en 1981 à 19% en 2008.

Victimes de l’ultralibéralisme, édition dépense publique

C’est entendu, la France souffre d’un excès de libéralisme. Le chômage, la stagnation du pouvoir d’achat, la désindustrialisation, les problèmes d’immigration et de « vivre ensemble », le déficit de la balance commerciale, celui du budget de l’État et la dette qui en résulte sont des conséquences directes de l’idéologie libérale dominante, de l’ultralibéralisme mondialisé et du capitalisme financier dérégulé.

Comment en douter ? C’est ce qu’affirme Nicolas Sarkozy, notre président sortant, qui propose pour y remédier une adroite combinaison de protectionnisme, d’impôts punitifs et de politiques industrielles volontaristes. C’est aussi l’avis de François Hollande, son principal challenger, qui reproche justement à l’actuel président son ultralibéralisme et ne jure que par une augmentation des impôts et de la dépense publique. C’est encore ce que pensent Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen qui ont fait de la lutte contre l’ultralibéralisme mondialisé leur principal cheval de bataille. C’est enfin l’analyse d’Éva Joly qui déclare vouloir « en finir avec l’ultralibéralisme » et de François Bayrou qui défend un « projet de société humaniste en rupture avec le modèle ultralibéral. » Je vous passe les Nathalie Arthaud, Philippe Poutoux, Nicolas Dupont Aignan et autres Jacques Cheminade : l’unanimité est si parfaite qu’il ne peut pas en être autrement : les malheurs de notre pays sont certainement liés aux politiques ultralibérales prônées et mises en œuvre par les tenants de la pensée unique.

Exemple #1 : la dépense publique.

Le libéralisme économique, et à plus forte raison l’ultralibéralisme, prônent une intervention très limitée de l’État dans l’économie. Une fois chiffrée, la situation d’un pays libéral et donc, a fortiori d’un pays ultralibéral, devrait se traduire par un faible volume de dépense publique au regard de la « taille » de l’économie (en général le Produit Intérieur Brut).

Vérifions…

De la révolution à la veille de la première guerre mondiale, on estime que la dépense publique pesait entre 10 et 13% du PIB – ce qui correspond, pour l’essentiel, au coût des fonctions régaliennes de l’État. Après un pic à environ un tiers du PIB vers 1920, c’est surtout à partir des années 1930 que commence l’inexorable croissance de la dépense publique avec les premières politiques d’inspiration keynésiennes (grands travaux, aides spécifiques à certains secteurs, soutien des prix agricoles…). En 1938, la dépense publique atteint un quart du PIB. Mais après la seconde guerre mondiale et avec la création de la Sécurité Sociale que les dépenses s’emballent : d’environ 36% à la fin des années 1950, elle franchit le seuil des 40% en 1967, puis celui des 50% en 1983 et dépasse le seuil des 56% du PIB pour la première fois en 2009.

En 2010, la dépense publique française [1] s’élevait à 1 095,6 milliards d’euros, soit 56,6 % du PIB. Selon les premières estimations de l’Insee, elle aurait atteint 1 118,5 milliards d’euros en 2011 (55,9% du PIB, +2,1% par rapport à 2010) et le Projet de Loi de Finance pour 2012 évoque un objectif de 55,8% du PIB. Sur la base des chiffres de 2010, si l’on exclue quelques pays exotiques [2] et le cas particulier de l’Irlande [3], l’État français était le troisième État le plus dépensier des 178 pays pour lesquels les données sont disponibles [4]. Seuls les États cubain (75,2% du PIB) et danois (58,5% du PIB) parvenaient à dépenser plus que le notre.

Du point de vue de la dépense publique, donc, la France a battu tous ses records historiques sous la présidence de Nicolas Sarkozy et se trouve être, avec Cuba, le Danemark et sans doute la Corée du Nord, un des pays les moins libéraux au monde.

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[1] « Dépenses des administrations publiques consolidées » ; hors entreprises publiques produisant des biens et services marchands, telles que La Poste et la SNCF.
[2] Le Timor oriental, les Kiribari, le Lesotho, les Maldives et la Micronésie.
[3] L’État irlandais a bien fait exploser la tirelire avec une dépense publique à 67% du PIB en 2010 mais ce chiffre est exceptionnel : la dépenses publique irlandaise est habituellement plus proche de 40% du PIB.
[4] Voir l’Economic Freedom Index de la fondation Heritage.

Dans le juke-box…

Dreamy Girl, premier opus de Loo & Monetti, un petit groupe de frenchies qui démarre, sur le thème de Vol au dessus d’un nid de coucou.

Évidemment, « freedom is my way » et « freedom is my quest », ça me parle…

(... et bravo Anne-Laurence !)

Votre mot de passe

On ne va pas épiloguer pendant 150 ans, vous avez besoin : De mots de passe très forts (à partir de 128 bits), un par site (sauf, éventuel...